IMRE VÖRÖS

IMRE VÖRÖS, La Censure de la Faculté de Théologie de Paris contre l’Émile > 311

 

L'histoire de la longue série de sentences et de censures contre l'Émile de Rousseau est bien connue : le 9 juin 1762, le Parlement de Paris condamne l'«imprimé» en question « à être lacéré et brûlé » ; le 11 juin, date de l'exécution de ce jugement, l'auteur lui-même échappe de peu à l'arrestation en se réfugiant vers la Suisse ; le 19 juin, ce sont les autorités calvinistes de Genève qui prononcent leur verdict contre l'ouvrage ; le 1er juillet, l'assemblée générale de la Faculté de Théologie de Paris décide de faire rédiger la censure du livre « le plus tôt qu'il serait possible » ; le 30 juillet, l'Émile est interdit en Hollande ; le 20 août, Christophe de Beaumont, archevêque de Paris émet un mandement contre les propositions «fausses, scandaleuses, [...] erronées, impies, blasphématoires et hérétiques» du livre et ordonne que son mandement soit « lu au prône des messes paroissiales des églises de la [...] diocèse de Paris, publié et affiché partout où besoin sera » ; le 9 septembre, l'Émile est officiellement mis à l'Index ; et enfin, au mois de novembre, on publie la Censure de la Faculté de Théologie de Paris contre le livre qui a pour titre Émile ou de l'Éducation, petit volume in-12 de 352 pages, dont le contenu sera bientôt approuvé par un bref du pape Clément XIII. Malgré tant de condamnations, la tempête est encore loin de se calmer : les doctes réfutations continuent à pulluler un peu partout en Europe. Il suffit de mentionner les livres du père André, de dom Deforis, de Paul Bitaubé, de Giacinto Sigismondo Gerdil, de Jean Henri Samuel Formez (qui, un an après son Anti-Émile, imprimé à Berlin en 1763, fera paraître un Émile chrétien) ou de dom Joseph Cajot (auteur d'un ouvrage intitulé Les plagiats de M. J.-J. Rousseau de Genève sur l'éducation où le savant bénédictin démontre que le philosophe a emprunté la plupart des ses idées pédagogiques à Plutarque et à Montaigne). La réponse que Rousseau adresse à l'archevêque de Paris soulève un nouvel orage, puis, ses Lettres de la montagne rendent encore plus aigu son conflit avec les milieux calvinistes officiels de sa ville natale.

 

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