Anne-Rachel HERMETET

Anne-Rachel HERMETETLa N.R.F. de Jaques Rivière est-elle une revue néo-classique ? > 15


Lorsqu’on reprend les fascicules de La Nouvelle Revue Française dans les années où Jacques Rivière en assure la direction, soit entre la reprise de la publication à l’issue de la Première Guerre mondiale, en juin 1919, et la mort du jeune homme en février 1925, on ne peut manquer d’être frappé par la tension qui s’établit, dans les pages de la revue, entre la référence à une tradition nationale, qui s’incarne explicitement dans la littérature du XVIIe siècle, et l’aspiration à définir la modernité, en particulier dans le domaine du roman. La question n’est pas seulement littéraire, aux yeux des rédacteurs de la revue, mais aussi idéologique et morale. Il convient d’analyser les modalités d’une filiation revendiquée avec le classicisme, notion dont le sens est constamment ré-élaboré dans les pages de La N.R.F. Il est clair, en effet, qu’il s’agit là d’une notion inscrite dans l’imaginaire national, utilisée au service d’un projet esthétique et idéologique. En d’autres termes, c’est une lecture particulière du XVIIe siècle qui est proposée dans les pages de la revue, lecture qui prend en compte des partis pris littéraires mais aussi une position à gagner ou à conserver dans le champ littéraire français1, en particulier face au courant réactionnaire qu’illustrèrent, avant la Première Guerre mondiale, des auteurs comme Pierre Lasserre, Louis Bertrand, Henri Clouard, Ernest Seillière ou Charles Maurras et ses collaborateurs de L’Action française. La référence diffuse au classicisme s’inscrit dans un discours national, fondé sur le recours à la notion d’« esprit français ».


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