Veronika SZEPESI, La rage d’or du pastiche > 161
Je me propose de traiter de l’apparition la plus récente d’un genre hérité d
l’antiquité – celui du pastiche. Pour définir ce genre, j’admets l’approche de
Genette, qui – parlant de l’hypertextualité – envisage trois genres mineurs :
parodie, travestissement, pastiche qu’il appelle transgénériques. On ne connaît
pas la naissance du pastiche. Comme Genette l’écrit : « sa naissance […]
s’occulte dans la nuit des temps » car « le pastiche est issu de la parodie »1.
Suivant la définition de Genette, le pastiche satirique est « une imitation
stylistique en fonction critique ou ridiculisant ».
Je voudrais présenter un exemple récent du genre : le pastiche d’Alain
Dantinne, L’Hygiène de l’intestin, paru en 2005 en Belgique sur les romans
d’Amélie Nothomb. Je mettrai d’abord en lumière les trois éléments de base
dont le pastiche relève : l’imitation, la dérision et la critique. Ensuite j’essaierai
de trouver les caractéristiques qui donnent au roman un goût spécifiquement
dantinnien. Alain Dantinne a mis sur papier sa critique non seulement sous
forme de pastiche, mais aussi sous forme d’essai. En lisant parallèlement les
deux oeuvres on voit les mêmes éléments critiqués sous deux formes
différentes.
Prenons le premier élément de la définition, l’imitation :
Alain Dantinne s’appuie sur quatre livres d’Amélie Nothomb :
Métaphysique des tubes, qui est une autobiographie de zéro à trois ans, Le
Sabotage amoureux, qui raconte l’histoire de son amour pour une jeune fille du
même âge à sept ans, Stupeur et tremblement, qui est à la fois une satire du
despotisme qui règne dans les coulisses d’une puissante firme japonaise et une
histoire d’amour envers sa patronne. Ce roman a valu à l’auteur le Grand Prix
du roman de l’Académie française en 1999.
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