Georges KASSAI, La lumière chez Albert Camus et Miklós Mészöly > 89
« Dire presque la même chose. » Tel est le titre qu’Umberto Eco a donné à
son dernier livre, consacré à la traduction. Ce titre me paraît assez bien résumer
le sentiment que j’éprouvais en lisant « Le romantisme de la lumière1 »,
ce brillant essai que Miklós Mészöly a consacré à Camus. En parlant
d’Albert Camus, Mészöly me semblait dire presque la même chose que lui.
Quant à ce « presque », à cette « petite différence », elle est due au fait que
Mészöly écrit en hongrois sur ce que Camus dit en français. D’ailleurs, Mészöly
aborde ce problème dans plusieurs de ses écrits : il parle de l’indétermination du
hongrois et exploite luimême la richesse suffixale de cette langue pour
introduire des nuances que le français a beaucoup de mal à rendre. De plus,
deux motsclés de l’essai de Miklós Mészöly : ’közérzet’ et ’tettenérés’ donnent
du fil à retordre au traducteur : pour le premier, le dictionnaire propose « le
moral » (rossz a közérzete = il a mauvais moral), mais dans l’acception que lui
donne Mészöly, ce terme désigne plutôt le sentiment de la vie, de l’existence, la
façon dont on se sent dans le monde, et le second désigne chez lui le fait de
comprendre, de saisir un phénomène que l’apparence aurait tendance à
dissimuler.
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