Gergely ANGYALOSI, Illyés et Giono > 35
Dans la littérature spécialisée relative à l’oeuvre de Illyés revient depuis des
dizaines d’années l’antienne selon laquelle l’écriture de Jean Giono a beaucoup
apporté pendant quelques années à son confrère hongrois. Le fait que Illyés
a traduit entre 1939 et 1944 cinq de ses oeuvres, et que peutêtre
Giono ait été l’auteur qu’il a le plus souvent interprété semble confirmer cette idée. Les
ouvrages traduits sont les suivants (dates de parutions des oeuvres en hongrois) :
Le chant du monde (1939), Un de Beaumugnes (1940), Que ma joie demeure
(1941), Regain (1943), Colline (1944). On ne peut même pas contester le
commentaire d’un historien hongrois de la littérature, Mihály SzegedyMaszák,
selon qui : « Il est évident que Illyés cherchait le pendant du Mouvement
populiste hongrois dans le contexte littéraire français. C’est pourquoi il a traduit
les oeuvres de Eugène Dabit et de Jean Giono parmi les prosateurs et qu’il a tant
cherché les motifs similaires dans la poétique de Jammes. »
Ce même auteur, dans son étude sur les orientations littéraires françaises de
Illyés, nous montre comment les « préoccupations politiques » le conduisent à
choisir de traduire Dabit, Giono ou Duhamel. « L’oeuvre de Céline, par
exemple, qui nous semble actuellement bien plus importante reste ignorée de
l’auteur2. » Malheureusement, l’historien n’expose pas les préoccupations
auxquelles il fait allusion. (Sa remarque selon laquelle Céline était plus prudent
que Illyés à l’égard du régime soviétique n’éclaire guère notre question, celle de
la relation spirituelle entre Giono et Illyés.) Les trois auteurs représentent des
caractères essentiellement différents aussi bien sur le plan littéraire que
politique.
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