ARTS

Francis CLAUDON, Le silence ou la présence des absences > 11


Voici que le silence, l'absence, nous sont impartis pour deux jours. Ironie ou

gageure ? Comment peut-on parler si longtemps du silence ? Comment faire

sentir l'absence sans l'alourdir ou la déflorer ? Je songe, puisque nous sommes

en Hongrie aux vers délicats d'Attila József :

Je ne veux qu'un lecteur pour mes poèmes :

Celui qui me connaît - celui qui m'aime -

Et, comme moi dans le vide voguant,

Voit l'avenir inscrit dans le présent.

Car lui seul a pu, toute patience,

Donner une forme humaine au silence.

Malgré l'intéressant prospectus programmatique insistant sur la modernité

(Beckett, Blanchot, Mallarmé), ou plutôt à cause de lui peut-être, la littérature

du silence m'apparaît fort bavarde, très diverse, pas si contemporaine qu'on

pourrait le penser. Quant à l'absence, cause ou forme du silence, elle est encore

plus compliquée ; elle représente à la fois un thème littéraire, un sentiment, une

esthétique.

Par exemple, l'Iliade se fondait déjà sur une absence, celle de la belle

Hélène, partie sans laisser ni adresse ni excuse. Encore mieux qu'Homère,

Offenbach et ses librettistes, Meilhac -Halévy, ont senti le charme – ou le sel –

de ce thème.

Pars, pars pour Cythère,

Sur cette galère

Coquette et légère […]

Gagne promptement

Ce pays charmant

Gagne ce séjour,

Où règne l'amour

 

Pour lire la suite de cet article, veuillez consulter le document pdf ci-dessous.