Ildikó SZILÁGYI

Ildikó SZILÁGYI, Le rôle du blanc typographique dans la poésie moderne > 181

 

Dans le présent article, je me propose d’étudier le rôle du blanc typographique

dans la poésie moderne. Je commencerai par évoquer brièvement les différents

types de marquage ayant trait à la spatialisation et à la forme matérielle de l’écrit.

Parmi les paramètres formels des poèmes, je me concentrerai sur les problèmes

soulevés par la répartition des blancs sur la page. Les choix typographiques des

poètes ne sont pas dépourvus d’enjeux esthétiques et symboliques. En effet, dès la

fin du XIXe siècle, on constate chez les critiques et les poètes une valorisation

symbolique du blanc, considéré comme l’équivalent visuel du silence. Je citerai à ce

propos les prises de position de Stéphane Mallarmé et de Paul Claudel, tirées tout

aussi bien de leurs écrits théoriques que de leurs oeuvres poétiques. Il s’agira de

montrer en quoi les ressources typographiques participent à la construction du sens

et à la production d’effets de style. Dans une perspective pragmatique, je

m’intéresserai en particulier au rôle des blancs typographiques dans la conduite de

la lecture, mais aussi dans la perception générique. Les procédés typographiques et

la disposition donnent une première vision des textes, ils orientent le lecteur vers

l’écriture prosaïque ou poétique. Dans la poésie contemporaine, les blancs sont

parfois introduits à l’intérieur même des lignes (l’espacement interne). Pour finir,

j’évoquerai l’écriture du blanc chez André du Bouchet (1924-2001), analysée

souvent en termes de discontinuité.

La mise en page de la poésie traditionnelle suit des règles bien définies

concernant les marges verticales à gauche et à droite du poème, ainsi que les lignes

de blanc qui isolent les strophes les unes des autres. D’une manière générale,

pendant des siècles, on n’a vu dans le blanc final de vers qu’un simple procédé

typographique, sans aucune signification particulière. Contrairement aux poètes de

la Renaissance, ceux de la période classique ne semblent pas s’intéresser aux jeux

typographiques.

 

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