D’UNE LANGUE À L’AUTRE, D’UNE CULTURE À L’AUTRE. La forte présence de
références culturelles dans une oeuvre littéraire peut altérer sa réception dans un pays
étranger et représente souvent un défi très difficile à relever pour le traducteur. Je me
propose d’illustrer par trois exemples concrets la problématique des références culturelles,
en tentant d’expliquer mes choix.
Je citerais en premier lieu l’exemple de Péter Esterházy, dans Harmonia Caelestis (Premier
livre). Ce livre est émaillé de références culturelles, exprimées pour la plupart sous forme
allusive, codée, faisant appel à un vécu commun avec le lecteur. Ces références, ici,
permettent de créer un lien de complicité avec le lecteur, mais, transposées dans un autre
pays, elles provoquent l’effet inverse, et le lecteur étranger se sent exclu du « jeu ». Pour
remédier à ce problème j’ai proposé à Esterházy d’insérer dans le texte quelques références
« parlantes » pour le lecteur français, afin de lui donner au moins quelques clés pour entrer
dans l’univers de l’auteur.
Le deuxième exemple est La Diligence rouge (A vörös postakocsi) de Krúdy. Dans ce
roman, la présence de nombreux noms propres m’a obligée à rédiger des notes de bas de
pages, procédé auquel par principe je n’aime pas recourir. Au cours de la traduction, j’ai
finalement décidé de rédiger de nombreuses notes, souvent assez longues, car j’ai pensé que
ce roman, avec le temps, avait pris une valeur historique, et pouvait également se lire
comme une chronique d’un temps révolu, ce qui, dans ce cas précis, justifiait la présence de
notes.
Le troisième exemple est Le Roi blanc (A Fehér Király) de György Dragomán. Le cas de
ce livre est intéressant car, bien que profondément enraciné dans une culture et une époque
très précises (et très méconnues en France), il a obtenu un large écho en France, et un
grand succès critique. Je dois avouer que dans ma traduction, j’ai intentionnellement mis de
côté l’aspect « langue régionale », car j’ai pensé que cela aurait détourné l’attention du
lecteur de l’essentiel...
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