Zsuzsa VÁRHALMI, Juliette Grange, Balzac, l’argent, la prose, les anges > 257
L’argent, la prose, la pensée… Voilà un sous-titre que l’étude – la seconde
édition du livre de Juliette Grange– pourrait également porter, puisqu’il s’agit
d’une analyse philosophique de l’oeuvre de Balzac, d’une analyse au centre de
laquelle se trouve l’idée de la toute-puissance de la pensée. Ce qui ne frappe
pas le lecteur d’un texte sortant de la plume d’une philosophe. Juliette Grange
est spécialiste de la pensée française du XIXe siècle, une philosophe qui
s’intéresse à la littérature des XIXe et XXe siècles. Un auteur qui met au centre
de son analyse le style balzacien, entre autres, afin de souligner la modernité du
romancier tout en expliquant à quel point il a été l’enfant de son époque. D’une
époque qui a donné naissance et au roman réaliste et à l’histoire « objective »,
d’une époque dominée par le désir ardent d’authentifier le réel, aussi bien par la
d’une époque dominée par le désir ardent d’authentifier le réel, aussi bien par la
photographie que par le reportage. Voilà le point de vue d’un auteur qui avait
consacré sa thèse à la philosophie d’Auguste Comte, en mettant l’accent sur le
rôle joué par la science, la politique et la religion – sujets essentiels dans
l’oeuvre balzacienne aussi.
La prose balzacienne reflète l’esprit de l’oeuvre : Juliette Grange ne cesse
d’attirer l’attention de son lecteur sur l’harmonie unissant la forme et le
contenu de La Comédie humaine. L’enfant d’une époque prosaïque, le citoyen
d’une société en mouvement, le penseur est invité à exprimer l’instabilité,
l’éclatement du monde. Puisque la totalité est définitivement perdue, Balzac,
l’un des écrivains les plus modernes, compose un livre construit à partir de
plusieurs récits, un seul livre donc intitulé La Comédie humaine dans lequel il
réussit à poser la question essentielle de son siècle : qu’est-ce que l’homme ?
Le romancier crée un monde, une réalité qui a largement contribué à la
formation de l’identité française. Pour rester sur la métaphore de Juliette
Grange, Balzac arrive à représenter la société en pleine mutation par cette
structure qui évoque l’image d’un archipel constitué d’îlots différents. Rien
n’est plus complet...
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