Cybèle BERK - Michel BOZDÉMIR, Le lexicographe entre purisme et réalisme > 79
À l’issue d’une vingtaine d’années d’expérience dans la confection des
dictionnaires bilingues français-turc, nous sommes appelés à porter un regard
critique sur le travail accomplis. Si l’on peut considérer que appeler un chat un
chat est un progrès, nous pouvons nous vanter d’avoir réalisé un certain progrès
en adoptant tout simplement un principe de bon sens : faire entrer dans notre
nomenclature tous les mots compris et utilisés sans tenir compte de leur
étymologie. Cela peut paraître une évidence, une démarche dans les normes de
l’art ; mais en fait, pour nous turcologues, lexicographes, le premier problème
réside dans la constitution de la nomenclature.
Il fut un temps où le lexicographe turc se jugeait en droit d’accepter ou
d’exclure certains mots dans son dictionnaire1. C’était du temps de la réforme.
Aujourd’hui même, la problématique principale semble être la constitution d’un
corpus de bien commun dans une situation lexicale encore fluctuante. En plus
des périmètres qui conditionnent la conception des ouvrages de ce genre,
le choix des mots semble être la difficulté spécifique dans le domaine turc.
Dans cet article, nous aborderons plus particulièrement le traitement des
néologismes dans les dictionnaires bilingues. Nous présenterons également
quelques nouveautés didactiques que nous avons conçues et mises au service
des usagers. Pour mémoire, revenons rapidement sur ce qu’on a appelé
« la révolution linguistique » en Turquie. Le vocabulaire turc a subi une action
volontariste de grande ampleur sous la République. Pendant l’empire ottoman
une langue composite était apparue dans les sphères du pouvoir qu'on appela
« osmanli » (l’ottoman) qui était en fait une langue en grande partie composée
d’emprunts aux langues arabe et persane.
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