Thomas SZENDE

Thomas SZENDE, Une zone lexicale "transgressive" en français et en hongrois > 195


1. Introduction

Chacun d’entre nous s’est posé au moins une fois la question : quel secteur de la

langue enseigner ? La richesse lexicale et la diversité stylistique (deux thèmes que ce

colloque entend articuler) constituent pour tout enseignant de langue un défi

permanent.

Parmi les catégories « hors normes » du lexique, l’insulte constitue un objet

d’étude aux contours flous, et néanmoins stimulant.

Nous prenons comme postulat de départ l’idée que les seules insultes décrites

comme telles ne suffisent pas à identifier l’acte de langage qu’est l’insulte. D’abord

parce que tout mot ou locution peut devenir insultant en fonction de la situation

d’énonciation. Ensuite parce que savoir identifier les insultes ne se résume pas à établir

des listes d’expressions ; il s’agit aussi de comprendre les mécanismes de leur mise en

oeuvre discursive.

Dans cette double optique, nous observerons ici quelques insultes en hongrois et en

français, sans perdre de vue les espaces de disqualification typiques dans les cultures

que ces langues reflètent, en nous intéressant à un cas particulier d’insulte, celle qui

fige l’autre, le voisin, l’ennemi, dans son ethnie.

2. L’insulte

Le phénomène de l’insulte se manifeste dans les circonstances les plus diverses de

la vie courante. C’est un objet revendiqué d’abord par le droit ; s’y intéresse aussi la

linguistique afin de mettre en évidence le sémantisme des termes mobilisés, la valeur

stylistique des actes de violence verbale, mais aussi le contexte d’emploi et les effets

de réception de l’insulte. Ce qui choque et blesse : c’est l’évocation des défauts tels

que la société les stigmatise.

Certaines traitent l’interlocuteur de noms d’animaux, d’autres se rattachent aux

champs notionnels : « Dieu et Diable » ou à la fonction excrémentielle. L’emploi des

mots interdits traduit un désir de transgression. Nous savons que c’est souvent par la

pratique des gros mots que l’enfant transgresse ses premiers tabous et découvre la

puissance du verbal. Indéniablement, c’est le domaine sexuel qui fournit le corpus le

plus abondant des insultes. En puisant dans la sexualité, l’insulte permet de nommer ce

qui est tu dans la famille et l’école.

 

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