Amélie THÉRÉSINE

Amélie THÉRÉSINE, Corps parlés et théâtre de voix dans l’oeuvre de Dieudonné Niangouna > 181

Dieudonné Niangouna est un dramaturge congolais qui, depuis un peu plus d’une
dizaine d’années, a fait son entrée dans le champ théâtral. Outre le fait qu’il soit
dramaturge, il est également comédien, metteur en scène et directeur du Festival
international de théâtre « Mantsina sur scène » qu’il a fondé à Brazzaville. Cette triple
fonction lui a permis d’acquérir une reconnaissance institutionnelle : il sera l’artiste associé
de la prochaine édition du Festival d’Avignon, en juillet 2013.

Son théâtre, comme de nombreuses expressions dramatiques contemporaines, est
traversé par l’oralité. Elle tient une place primordiale par la volonté constamment réitérée
de Dieudonné Niangouna d’« écrire la parole » et ce, depuis ses oeuvres de jeunesse
réunies dans les deux recueils édités chez Carnets-Livres (Trace et Souvenir des années de
guerre) jusqu’à ses dernières pièces publiées aux Solitaires Intempestifs. Mais cette oralité
revêt un caractère paradoxal par les rapports complexes qu’elle entretient avec l’écrit. Pour
ce théâtre que l’on associe volontiers à un flot de mots, à une coulée verbale, on voit
combien ces expressions sous-tendent le caractère amorphe des textes produits. La voie de
l’oralité est-elle alors une aporie scripturale ?

Nous montrerons que l’oralité a pour tâche de faire entendre c’est-à-dire advenir le
sujet de la parole. Par sujet de la parole, nous désignons le sujet du texte qui fait entendre
le rythme individuant d’une écriture. Nous reviendrons sur la pétition de principe de
Dieudonné Niangouna d’écrire la parole pour dévoiler que les ambiguïtés qu’elle génère
par rapport à l’écriture peuvent s’interpréter en termes de posture auctoriale. Nous
analyserons alors comment il travaille à inscrire dans l’énonciation même un souffle.

 

 

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