Lilla HORÁNYI

Lilla HORÁNYI, De la tradition orale au conte littéraire – Les sources d’inspiration de Kama Kamanda > 25

Si Kama Kamanda, auteur d’origine congolaise qui vit actuellement à Bruxelles, situe
l’action de ses contes en Afrique et puise largement dans les thèmes folkloriques africains, il y
introduit néanmoins des éléments issus de son imagination et des mythes universels pour créer
des « contes littéraires », pour reprendre sa propre expression. Nous montrerons comment il
intègre ces influences dans ses contes à travers l’interprétation de trois motifs récurrents : le
pêcheur, la sirène et le fleuve. D’abord, nous étudierons deux contes basés sur le rapport entre
ces trois motifs : Le pêcheur et la sirène, tiré du recueil Les Contes des Veillées africaines
(1967), et Le pagayeur magnifique, paru dans La Nuit des griots (1991).

Le pêcheur et la sirène illustre bien comment Kama Kamanda reprend les éléments du
mythe de Mélusine tout en apportant des modifications en vue d’en créer sa propre version.
La rencontre d’un être humain et d’un être surnaturel se produit entre un pêcheur et une sirène.
Les deux protagonistes sont liés au monde aquatique : le premier par son métier, le second par
son origine.

Cependant, le conte africain n’ouvre pas tout de suite sur le schéma mélusinien. Avant que
le pêcheur rencontre la sirène, il attrape un petit poisson qui le prie de le laisser retourner
auprès de sa famille. Ému de ses supplications, le héros le délivre et ne reprend la pêche que
des mois après cet événement. Cette fois-ci, c’est une sirène qu’il capture. L’intervalle de
temps écoulé entre ces deux rencontres, ainsi que leurs similitudes peuvent nous amener à
supposer que le petit poisson libéré est la future sirène elle-même. Dans ce cas-là, il s’agit du
dédoublement du motif de la rencontre qui survient au moment décisif de l’existence du
pêcheur qui attend l’amélioration de son sort.

 

 

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