Patrick QUILLIER

Patrick QUILLIER, Défense et illustration d’une voix réfractaire > 49

 

Attentive extrêmement aux entrelacements indéfinis que les textes depuis toujours nouent, dénouent, renouent entre eux, Suzanne Allen tisse avec constance et acharnement l’étonnante toile d’une oeuvre plurielle, complexe et jubilatoire, à laquelle on ferait bien de prêter attention, eu égard aux dénonciations roboratives dont elle est porteuse, en notre époque gavée jusqu’au vomissement par la prolifération des langues de bois de tous bords.

Rares en effet sont ceux qui suivent en France les cheminements d’un auteur qui dérange, et qui trouve d’ailleurs de plus en plus de difficultés à faire éditer les textes – poèmes, romans ou essais – qu’elle élabore dans son ouvroir de solitaire solidaire, de réfractaire fraternelle.

Pourtant, après un premier recueil de poèmes, Feu de tout bois, publié en 1952 chez Seghers, ce sont les éditions Gallimard (où elle sera d’ailleurs longtemps lectrice) qui assureront la publication d’une partie de son oeuvre: La Mauvaise conscience, roman (1956); L’Île du dedans, roman (1960); Le Pour et le Contre, poèmes (1966); Le lieu commun, roman (1966); L’Espace d’un livre, utopie (1971). D’autres poèmes épars sont publiés dans des revues de poésie, telles que La Tour de Feu, le Mercure de France ou Banana-Split. Depuis les années 70, ce sont surtout des collaborations régulières à des revues universitaires ou pour les actes de certains colloques (Suzanne Allen est par exemple une participante assidue aux fameux colloques de Cerisy): citons son essai remarquable intitulé Petit traité du noeud, publié dans Figures du baroque aux PUF (1983) ou ses réflexions philosophiques livrées sous le nom de Reliefs dans l’ouvrage collectif Mythologies et Physiologies du féminin (Presses universitaires de Lille, 1989).

Travailleuse acharnée, elle entasse depuis des années des manuscrits denses et nombreux, en des genres divers: entre autres, un essai magistral sur Jarry, un autre sur Derrida, de nombreux poèmes, ainsi qu’un roman bâti autour d’un personnage exhibitionniste.

Complétons cette brève introduction par ceci: lorsqu’elle doit se présenter, Suzanne Allen choisit de donner un Curriculum laboris où figurent les phrases suivantes: «Études supérieures de philosophie et recyclage continuel... Participe à la fondation du groupe Surréalistes-Révolutionnaires en 1950...» Il faudrait ajouter ses affinités avec les écrivains de l’Oulipo et les artistes de l’Oupeinpo, «Ouvroir de Peinture Potentielle», dont elle est elle-même membre.

 

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