Ioana MARCU

En s’intéressant aux « faux et défauts de la langue » d’écriture des auteurs issus de l’immigration maghrébine, Sylvie Durmelat (1995 : 29) parle d’une « inversion » et d’une « subversion », d’une « tension » et d’une « torsion » du langage que ces écrivains opèrent afin de s’approprier encore plus une langue qui détermine leur identité et leur création littéraire. La langue de la rue, orale, parlée par des individus stigmatisés, ce que nous appelons la « langue grise », envisagée comme un prolongement de la « langue verte », est introduite alors à l’écrit, devenant une langue littéraire (rafraîchie ou, peut-être, même ressuscitée). Grâce à cet apprivoisement de la langue littéraire canonique[1] , le français anormé n’est plus uniquement langue de la rue, mais également langue des livres. Cette langue littéraire rénovée, ex(-)centrique, libératrice et expressive, ce « français qui se cause », qui « vit sa vie », cette langue défiante et déviante, où l’on discerne des mutations (voire des adaptations) sur les plans phonique, prosodique, morphosyntaxique et lexical, où se reflètent des espaces différents, des identités multiples et une époque distincte, fait alors une nouvelle entrée[2] dans le monde des lettres. 

 

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