CARTE BLANCHE A JEAN-CLAUDE POLET

Jean-Claude POLET, La dimension européenne dans la formation des professeurs de français > 235

 

Il est plus clair que jamais, depuis la chute du mur de Berlin, l’effondrement du bloc communiste en Europe centrale et orientale, l’entrée de la Hongrie, de la République Tchèque et de la Pologne dans l’OTAN, et bientôt ensuite, avant d’autres, dans l’Union européenne, que l’Europe ne peut plus « se contenter » d’affermir les fondements de son assise occidentale. Il lui faut, dans une situation inédite et inouïe de mondialisation de la politique, de l’économie et de la communication, assumer une responsabilité, nouvelle bien qu’historiquement traditionnelle : se reconstituer comme entité de référence de la civilisation humaine et jouer un rôle majeur dans l’histoire de l’humanité. Cette Europe de la civilisation va, géographiquement, de l’Oural à l’Atlantique, même si, politiquement, elle se reconstruit depuis quelque 50 ans, libre et créatrice, de l’Atlantique à l’Oural.

Cette mission de re-Constitution, dans le sens politique et juridique du mot, qui passe par le solide établissement et l’élargissement progressif de l’Union européenne, est absolument indispensable et donc d’une urgence que seule la prudence et le souci de la durée peuvent modérer, mais, quelque décisive que soit la dimension politique de la re-Constitution européenne, elle ne saurait être limitée à ses seuls aspects économiques, politiques et sociaux. Bien plus, elle ne peut avoir quelque chance d’aboutir et de durer que si l’Europe en voie d’institutionnalisation trouve pour se fonder des mentalités prêtes à l’accueillir, désireuses de s’y reconnaître, disposées à y adhérer profondément. Et pour cela, il faut que chacun individuellement et tous collectivement puissent trouver dans la culture européenne, envisagée dans sa totalité et sa diversité, une richesse qui tout à la fois affermisse l’enracinement de chaque langue et de chaque culture dans son autonomie et la promeuve, pour l’Europe et par elle, au rang d’universalité où le patrimoine culturel européen entend s’ouvrir au profit du monde entier.

Parmi les moyens majeurs qui entrent en jeu dans la formation des consciences individuelles et collectives, il paraît clair que figure, toujours au premier plan, l’enseignement, quelles qu’en soient les formes, les méthodes ou les médiations. Parmi les moyens de pénétration les plus profonds des cultures qui constituent l’unité européenne apparaît en première place la connaissance des littératures, soit par la maîtrise d’une ou de plusieurs langues étrangères, soit par la traduction.

 

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