Árpád MIHALOVICS

Árpád MIHALOVICS, Quelques traits caractéristiques des documents diplomatiques > 109

 

Langues spécialisées – langage politique – textes diplomatiques

Les linguistes (de différentes nationalités) ont déjà mené de nombreux débats sur la définition et sur le statut épistémologique des langues spécialisées. La question la plus souvent abordée a été la différence entre la langue commune (ou générale) et les langues de spécialité (Mounin 1979, Rondeau 1983, Grétsy 1988, Kocourek 1991). Certains auteurs ont envisagé les langues de spécialité comme des systèmes totalement différenciés par rapport à la langue commune. Cette affirmation me paraît peu justifiée et elle semble contredire totalement la constatation suivante de Benveniste : « Ce qui change dans la langue, ce que les hommes peuvent changer, ce sont les désignations, qui se multiplient, qui se remplacent et qui sont toujours conscientes, mais jamais le système fondamental de la langue » (1974, p. 94). Hagège nomme ce phénomène « noyau dur » (1987, p. 52).

On pourrait continuer les débats sur le statut des langues spécialisées, c’est-à-dire continuer à chercher la réponse à la question : les langues spécialisées (ou les langues de spécialité) sont-elles des segments, des sous-ensembles, des variantes (ou des variétés fonctionnelles) des langues communes ? Ou bien sont-elles plutôt des usages spécifiques de celles-ci ? Enfin sont-elles de vraies langues autonomes ?

Mais laissons ce débat et occupons-nous plutôt de définitions précises :

1/ « La nature de la langue est telle que la langue générale et des langues de spécialité peuvent coexister dans une seule langue naturelle ; […] Entre la langue générale et les langues de spécialité, il existe une différence de degré plutôt que de nature : […] C’est donc au niveau de l’usage que se manifeste la spécificité des langues de spécialité. » (Cabré 1988, p. 111 d’après Sager et autres 1980, p. 17).

2/ « Par langue de spécialité (LSP), nous entendons un ensemble complet de phénomènes linguistiques qui se produisent dans une sphère précise de communication et sont limités par des sujets, des intentions et des conditions spécifiques. » (Cabré 1998, p. 118, d’après Hoffmann 1979, p. 16).

3/ « La langue de spécialité (LSP) est une variété linguistique formalisée et codifiée, employée pour des besoins spécifiques et dans un contexte approprié, c’est-à-dire dans le but de communiquer des informations de nature spécialisée à quelque niveau que ce soit. Placée en haut d’une échelle de complexité, elle est employée par les experts les plus spécialisés entre eux ; placée en bas de l’échelle, elle sert à informer ou à initier les non-spécialistes de la façon la plus efficace, la plus précise et la moins ambiguë possible. » (Cabré 1998, p. 120 d’après Picht et Draskau 1985, p. 3).

 

Pour lire la suite de cet article veuillez consulter le pdf ci-dessous.

PDF download: