Jean-Luc MOREAU

Jean-Luc MOREAU, Sur la notion de « cas » > 119


Dans les langues indo-européennes anciennes ainsi que dans celles, vivantes, qui, comme le lituanien, le russe ou l’allemand ont conservé des vestiges plus ou moins importants de l’ancienne flexion nominale, la notion de cas permet de mettre en évidence l’équivalence de désinences morphologiquement disparates : les génitifs latins « rosae », « domini », « templi », « urbis », « manus », « rosarum », « marium » peuvent être substitués les uns aux autres dans des phrases qui, quand bien même elles seraient sémantiquement absurdes, resteront grammaticalement correctes.

Cette notion de cas a-t-elle la même utilité dans le domaine finno-ougrien ? La question peut surprendre, s’agissant de langues réputées pour la richesse et la prétendue complexité de leur « déclinaison ». Mais cette réputation est mensongère. En hongrois, la langue la plus riche en « cas » (la Grammaire de l’Académie en compte 28 !), il n’existe en fait qu’un seul et unique paradigme, une seule série de suffixes sans autres allophones que ceux résultant éventuellement du jeu de l’harmonie vocalique, par exemple « -ban / -ben » pour l’inessif, « -hoz / -hez / -höz » pour l’allatif, etc. Les mêmes suffixes sont employés au pluriel comme au singulier. Il n’y a pas de déclinaisons différentes selon le genre, puisque cette catégorie n’existe pas. Il n’y a pas de polysémie, comme en latin par exemple, où le « -os » de l’accusatif pluriel « dominos » renseigne à la fois sur le nombre, le cas et le genre. Il n’y a pas non plus de déclinaison de l’adjectif, puisque celui-ci ne s’accorde pas en cas.

 

Pour lire la suite de cet article veuillez consulter le pdf ci-dessous.

PDF download: