Martin RIEGEL

Martin RIEGEL, Une tautologie est une tautologie. Tautologies logiques des énoncés tautologiques attributifs > 135


Les énoncés attributifs tautologiques (en abrégés EAT) comme Une femme est une femme ou Strasbourg est Strasbourg et Paris est Paris sont réputés s’ouvrir à des interprétations qui excèdent largement la signification, dite conventionnelle, que nous leur attribuons en vertu de nos seules connaissances linguistiques. Comme l’observe Frédéric (1981 : 313), « plutôt que de ne pas avoir de sens, [ce type d’] énoncé en a trop et, au-delà de son apparente évidence, il ne laisse pas saisir lequel de ces sens possibles doit être retenu ». En fait, la deuxième partie de cette remarque vaut pour tout énoncé si l’on admet la distinction entre sens phrastique (ce qu’une phrase veut dire) et signification énonciative (ce qu’a voulu dire celui qui a énoncé la phrase). Ainsi, en réponse à la question Quelle heure est-il ? l’énoncé Le facteur vient tout juste de passer pourra signifier qu’« il doit être approximativement l’heure à laquelle le facteur passe quotidiennement », en conjonction avec la connaissance partagée que le facteur passe quotidiennement à la même heure. Il s’ensuit que le problème que posent les EAT n’est pas tant celui de leur excédent interprétatif ni même celui des procédures inférentielles propres à dériver discursivement cet excédent, car on peut supposer raisonnablement qu’elles ne sont pas spécifiques à ce type d’énoncé. La vraie spécificité des EAT réside dans le socle même sur lequel ces procédures opèrent et qui n’est autre que leur sens phrastique foncièrement tautologique. C’est ce que je me propose de vérifier ici en examinant de plus près leur architecture syntaxique et leur interprétation sémantique hors contexte, qui sont celles d’une phrase attributive tautologique (en abrégé PAT). Il s’agira donc de déterminer ce qu’est l’interprétation conventionnelle des PAT, condition nécessaire mais jamais suffisante des usages communicatifs auxquels elles se prêtent. Cet examen permettra aussi de préciser le statut de la tautologie et de l’analycité comme concepts descriptifs en sémantique linguistique par rapport à ce que Rey-Debove (1994 : 34) appelle la « tautologie sans contenu des logiciens », que les logiciens eux-mêmes considèrent comme « vide », mais au sens de « dénué de contenu, et non pas dénué de sens » (Blanché, 1968 : 67).


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