Anikó ÁDÁM

Anikó ÁDÁM, Chateaubriand au seuil du romantisme > 5

 

Si l’on part à la recherche d’auteurs qui puissent symboliser le moment de transition entre deux époques historiques, artistiques et littéraires, d’auteurs qui permettent d’établir les points de repère d’un changement de paradigme et qui puissent nous aider à saisir les procédures de ces changements, Chateaubriand est certainement l’un de ces auteurs.

Dans la présente étude nous envisageons de démontrer, à travers un bref examen historique de la question de l’imitation, comment Chateaubriand a élaboré un nouveau système esthétique, comment il a construit un nouveau langage poétique tout en respectant l’héritage des maîtres classiques. Dans notre parcours, nous suivrons le chemin tracé par le Génie du christianisme, oeuvre de transition par excellence et nous examinerons ce que l’auteur pense de l’épopée, genre qui s’est toujours trouvé au sommet de la hiérarchie des genres depuis l’Antiquité jusqu’au XVIIIe siècle.

Chateaubriand transporte la philosophie de la nature des Lumières dans la nouvelle vision du monde des romantiques qui place l’homme, avec ses passions et sa morale, au centre de l’univers naturel. Cette ambition de l’auteur du Génie du christianisme s’incarne dans des moyens d’expression nouveaux pour décrire la nature, pour parler des créations artistiques et pour créer des oeuvres littéraires. C’est à partir du Génie que plusieurs générations, de Hugo à Marcel Proust, vont faire circuler des images poétiques romantiques concernant, entre autres, les monuments gothiques et la nature. La postérité, en associant ces images à de nouveaux contextes, a toujours su les rafraîchir et les perpétuer.

Nous espérons comprendre également dans quelle mesure Chateaubriand imite ses maîtres et en quoi consiste son originalité, qui a influencé toute l’époque romantique. L’esthétique classique dont notre auteur est un des plus fermes héritiers, s’inspire de la Poétique d’Aristote. Elle remanie et réinterprète, à sa manière, la théorie d’Aristote (la Poétique ne fut traduite en français qu’en 1671) sur la poésie, dont elle n’a conservé que les éléments qui lui convenaient.

Au coeur des réflexions classiques se trouve la notion de l’imitation. La problématique de ce terme révèle une série de questions sur l’objet de l’imitation et sur les moyens par lesquels l’artiste peut obtenir le résultat espéré, c’est-à-dire la beauté idéale et l’effet désiré sur le récepteur. Même si Aristote déclare que c’est l’action de l’homme que le poète doit imiter les auteurs classiques du XVIIe siècle se tournent unanimement vers la nature (qui est un sujet fort problématique à l’époque).

 

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