Éva MARTONYI

Éva MARTONYI, Allégories et symboles dans un récit d’Honoré de Balzac > 75

 

« Les Études Philosophiques [..] n’ont-elles pas pour fonction, entre autres, de frapper de suspicion les lectures simplistes du réalisme balzacien ? » – demande Roland Chollet dans la préface d’une des dernières éditions du récit intitulé Jésus Christ en Flandres d’Honoré de Balzac. Bien que la remise en question de la simplicité du réalisme balzacien ne date pas d’aujourd’hui, une relecture des textes, à la lumière de nouvelles idées, de nouveaux rapprochements, par exemple de l’étude du symbolisme et des symboles, pourrait être tout à fait prometteuse. Et ce malgré le fait que la critique, depuis un certain temps déjà, suggère plusieurs interprétations de la plupart des oeuvres du romancier. Il est évident que ce sont effectivement les récits et romans regroupés sous le titre Études philosophiques dans la structure définitive de la Comédie humaine qui nous offrent le plus riche éventail d’interprétations possibles.

Balzac ne dit-il pas justement dans l’Avant-Propos de la Comédie humaine, rédigé en 1842, après avoir présenté les études de moeurs, à propos de cet ensemble : « Telle est l’assise pleine de comédies et de tragédies sur laquelle s’élèvent les Études philosophiques, seconde partie de l’ouvrage, où le moyen social de tous les effets se trouve démontré, où les ravages de la pensée sont peints, sentiment à sentiment… »2 (CH. T. I. p. 19). Il suggère donc qu’il a envisagé d’aller au-delà de la représentation des éléments de la réalité, de l’histoire des moeurs, de la nature et des hommes, dans son entreprise gigantesque, rendue possible par deux qualités extraordinaires qu’il est convaincu de posséder dans une mesure nettement plus grande que les gens ordinaires : l’observation et l’imagination.

Jésus-Christ en Flandres, un récit relativement court faisant partie des Études philosophiques, a été relativement peu analysé par les générations successives de la critique balzacienne. Il serait donc intéressant de l’analyser – dans le double contexte du romantisme et du symbolisme – en commençant par les problèmes de sa genèse et de ses sources, puis par ceux de sa structure narrative, pour terminer par l’analyse de ses multiples significations– proposées par le réseau des allégories et des symboles.

La version définitive du récit que nous lisons aujourd’hui sous ce titre a connu une genèse compliquée et peut-être même difficile, allant de 1831 jusqu’en 1846. En effet, deux textes y sont réunis, dont non seulement les titres, mais aussi le message idéologique, voire la portée symbolique ont subi quelques modifications au cours des années. La première partie, Jésus-Christ en Flandres, est d’abord la réécriture d’un conte flamand, puis devient un conte philosophique ; la deuxième partie, La danse des pierres, est d’abord une « fantaisie », et devient ensuite un conte fantastique.

 

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