Jacques POPIN

Jacques POPIN, Les démonstratifs dans le Prologue du Quart Livre de Rabelais > 143


Il peut s’avérer intéressant de poursuivre l’enquête sur le devenir des démonstratifs, adjectifs et pronoms, dans la langue du XVIe siècle. Mais la perspective sera cette fois différente, puisqu’il s’agira plutôt de noter que l’évolution générale du système, esquissée chez Marie de France, avec de puissants promontoires qui s’avancent vers le système moderne, se heurte au XVIe siècle encore à des poches de résistance nettement archaïques.

On s’est servi ici du Prologue du Quart Livre de Rabelais, en exploitant le fait qu’il existe deux versions de ce Prologue : la première est celle de l’édition de 1548, et le Prologue a été ensuite entièrement modifié et redéveloppé pour l’édition de 1552.

Dans l’édition utilisée, le nouveau Prologue occupe approximativement le double de l’espace de l’ancien. Il est aussi fondamentalement différent dans son contenu. Là où l’ancien Prologue racontait une anecdote à partir de l’expression « croquer la pie », le nouveau expose la fable du bûcheron Couillatris, qui ayant perdu sa cognée, la réclame à Jupiter. Celui-ci envoie Mercure qui propose au bûcheron une cognée d’or, une cognée d’argent et une cognée de bois. Couillatris choisit modestement sa cognée de bois : il est récompensé par le don des autres cognées. À cette nouvelle, tout le monde entreprend de perdre sa cognée et de la réclamer à Jupiter ; mais tous n’ont pas la modestie de choisir comme Couillatris. S’ils choisissent celle d’or ou celle d’argent, leur châtiment est prompt : Mercure leur coupe la tête. On a voulu distinguer dans les événements des strates, disposées du plus morphologique vers le plus syntaxique et le plus stylistique.

ARCHAISMES MORPHOLOGIQUES

L’ancien Prologue offre 50 emplois du démonstratif. Le seul archaïsme est celui des formes renforcées en « i- » , au nombre de 4 : « iceulx » (1 fois) ; « icelle » (1 fois) ; « icelui » (2 fois). Ce sont néanmoins tous des emplois de pronom représentant, à l’exception d’un seul « iceluy » employé comme déterminant. On sait que ces formes ne se sont conservées que dans la langue juridique.

 

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