Maria VODĂ CĂPUŞAN

Maria VODĂ CĂPUŞAN, Flaubert le romantique > 21


Les deux termes impliqués dans le nom titre de ce colloque, bien qu’opposés, ne peuvent être conçus que par rapport à un même concept – celui de modèle. On « imite » un modèle – donc « imitation » s’ensuit – ou bien on nie le modèle ou « les » modèles, et alors on est, ou bien on s’affirme « original » – d’où l’« originalité ». Le débat n’est pas nouveau, il suffit d’ouvrir une histoire de la littérature française – puisque c’est à elle que nous faisons tous référence à l’occasion de ce colloque – pour y trouver la célèbre Querelle des anciens et des modernes qui, à la fin du XVIIe siècle, signifiait, non pas un colloque entre les tenants de l’imitation et ceux de la modernité posée en termes d’originalité, mais un débat assez violent, puisque « querelle » il y avait.

« Les queues de siècle se ressemblent » – disait Huysmans dans une célèbre formule si souvent citée de nos jours. Dans quelque années, peut-être, on lancera la formule « les têtes de siècle se ressemblent » et on cessera de se chercher des modèles dans la Décadence romaine ou dans l’esprit « fin de siècle ».

En est-il de même pour les queues de millénaires ? Ce n’est peut-être pas un pur hasard si les mots « modèle », « code », et surtout « canon » – pour la critique anglo-saxonne – reviennent si souvent aujourd’hui dans les débats.

Un « aujourd’hui » qui veut dire: la dernière décennie du XXe siècle, dont l’esprit se prolonge, puisqu’il est encore difficile de déceler les signes d’une mutation de la perspective critique.

Notre colloque se situe donc en pleine actualité, et force nous est de réfléchir à ce que imitation et originalité veulent dire – au XIXe siècle en particulier, mais aussi (j’ose l’affirmer, au vu de la qualité et de l’envergure théorique des contributions présentées )sur le sens de ces termes en général, qu’il s’agisse ou non de littérature française et du XIXe siècle.

J’ai choisi Flaubert pour bien des raisons. Et d’abord parce qu’il reste, aujourd’hui encore, l’un des auteurs les plus actuels de cette période. On évoque Balzac quand il s’agit de définir le modèle du roman réaliste – et même du roman tout court – mais Flaubert correspond mieux aux préoccupations plus complexes qui sont les nôtres aujourd’hui. Il nous inquiète davantage, et chaque lecture critique semble en relancer d’autres. Il est rare qu’on l’accepte ou qu’on le nie en bloc.

Mais parler de Flaubert n’est pas chose aisée non plus.Il faisait lui même le départ entre les deux natures qui l’habitaient, littérairement parlant : l’une portée vers l’idéal, vers l’envol de la phrase, donc romantique, l’autre éprise du petit fait vrai, préoccupé par l’animalité de l’homme, qui faisait de lui un réaliste.

 

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