Andor HORVÁTH

Andor HORVÁTH, Le Verbe et le Sujet. Crise de l'intersubjectivité dans le roman catholique du XXe siècle > 37

 

De toutes les incriminations que Julien Green lançait à ces contemporains dans son Pamphlet contre les catholiques de France la suivante me paraît être la plus directe et la plus grave : « Vous demandez des miracles, votre indifférence en est un, si l’on réfléchit à ce que vous dédaignez. » La religion est là, dit en substance cette phrase, identique à elle-même, mais les hommes, eux, ont changé, puisqu’ils ont perdu la perception de la vérité. L’indifférence – note Green quelques lignes plus bas – est « la plus redoutable » de toutes les forces du monde. « Elle déjoue les ruses les plus puissantes de l’amour. Elle veut se damner et elle se damnera. ». Ces « indifférents », où se situent-ils au juste ? Sont-ils encore à l’intérieur de l’Église, ou ils se sont déjà placés en dehors d’elle ? La réponse reste plutôt ambiguë. Autant « indifférence » et « dédain » parlent de détachement, autant les premiers mots – « vous demandez des miracles » – laissent entendre qu’il s’agit d’êtres indécis, chancelants, égarés. N’oublions pas que le titre lui-même invoque « les catholiques » – non pas ceux qui ont abandonné la foi, mais ceux qui s’en font une image déformée et inefficace.

Remarquons enfin que la tournure pascalienne du jugement recèle une maîtrise remarquable de la rhétorique : « miracle » signifie ici le manque, l’absence qui, se convertissant en positivité, se donne comme preuve pure. Cette phrase contient en effet une définition implicite selon laquelle ce qui institue la foi, c’est la croyance elle-même, mais cette croyance il faut, comme disait Pascal, la vouloir et l’accueillir.

 

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