Florence GODEAU

Florence GODEAU, Monde de l'esprit ou esprit mondain ? Quelques aspects de la réception critique du spiritualisme chez M. Proust et R. Musil > 47

 

« Seele ist eine furchtbar schwere Angelegenheit und demzufolge Materialismus eine heitere. »

« L'âme est une chose affreusement sérieuse, d'où il s'ensuit que le matérialisme en est une fort gaie. »

(MoE, I, 283 ; Hsq, I, 339-340)

La question du « renouveau de l'esprit » est au coeur de l'oeuvre musilienne, où elle fait l'objet d'une réception critique d'une rare acuité. Dans L'Homme sans qualités, le mot Seele (« âme » ) est analysé sans complaisance, et les formes les plus extrêmes d'exaltation « psycho-physique » – pour reprendre un néologisme de Gerda Fischel – sont considérées comme autant de symptômes révélateurs de l'esprit du temps. Diotime, qui semble aspirer au titre de « Belle Âme » moderne, apparaît comme l'incarnation caricaturale de tendances spiritualistes dont l'auteur, jusque dans les péritextes de son grand-oeuvre, dénonce les avatars. Si les propos de Mme Tuzzi sont composés à partir des essais philosophiques de Maeterlinck, dont l'influence fut considérable sur les artisans du renouveau de l'esprit en Europe au début du XXe siècle, ceux de Renée de Cambremer, née Legrandin, personnage proustien prompt à mesurer son intelligence aux modes littéraires, artistiques et philosophiques, et qui pour sa part admire, à travers Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, l'oeuvre dramatique de Maeterlinck, sont eux aussi empreints de « l'air du temps » : elle incarne d'ailleurs, comme l'a montré Antoine Compagnon, le snobisme des avant-gardes...

L'analyse des aspirations et des prétentions de ces deux personnages nous permettra de montrer comment, a contrario, les oeuvres de Proust et Musil offrent une alternative originale aux apories du spiritualisme.

 

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