Marie VRINAT-NIKOLOV

Marie VRINAT-NIKOLOV, L’épreuve de l’étranger dans le renouveau culturel bulgare, fin XIXe – début XXe siècle > 71

 

En 1878, la défaite de l’empire ottoman, à l’issue de la guerre russo-turque, met fin à cinq siècles d’occupation ottomane en Bulgarie ; longue période durant laquelle le pays s’est trouvé isolé de l’Europe et des grands mouvements économiques, sociaux et culturels qui l’ont agitée.

La Renaissance nationale (1762 - 1870) voit naître, surtout à partir du début du XIXe siècle, une littérature d’idées, engagée dans la lutte pour l’indépendance nationale, investie de la mission d’éclairer, d’éduquer, d’affranchir intellectuellement le peuple grâce à l’instruction. La libération change le paysage socioculturel bulgare, provoquant un « développement accéléré », selon l’expression consacrée en Bulgarie, une soif de rattraper le temps perdu dans tous les domaines, y compris culturel, accélération qui ne se fait pas sans crises.

C’est ce contexte de mal de fin de siècle qui prépare le terrain au renouveau culturel et spirituel caractéristique du début de notre siècle, renouveau lié au rejet d’un certain type de littérature ressenti comme dépassé, à la recherche d’une identité nationale malmenée par les vicissitudes de l’histoire, à l’aspiration d’intégrer de nouveau la Bulgarie aux grands courants et mouvements culturels modernes de l’Europe et, partant, d’élever le niveau spirituel de tout un peuple.

Ce renouveau a connu trois étapes successives, entre les années 90 du siècle dernier et 1923. Dans le cadre de cette étude, je m’arrêterai à la première étape, qui a permis l’émergence des deux autres, celle du premier cercle littéraire bulgare, Misăl, et plus particulièrement au rôle et à la personnalité du poète Penčo Slavejkov, figure dominante du groupe : il a su dépasser l’oppositiontraditionnelle national/universel, natal/étranger, pour lui donner le mouvement dialectique qui devait en faire une force motrice dans le rapprochement des cultures (surtout allemande, russe et française) et l’affirmation d’une conscience de soi moins frileuse, moins repliée sur le petit espace national.

 

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