Yann FOUCAULT

Yann FOUCAULT, Préface > 5

 

Parmi les échanges non négligeables qui ont circulé entre la Hongrie et la France au fil des siècles, on peut citer la convergence de l’intérêt qui s’est manifesté dans les deux pays à l’aube du XXe siècle pour la spiritualité et le religieux. Après le triomphe du positivisme, la France a vu la résurgence des idées spiritualistes. Qu’il s’agisse de purs catholiques, comme Claudel, de chrétiens plus hétérodoxes, comme Péguy, ou de penseurs n’ayant au départ aucun lien avec l’Église, tel Bergson, nombre d’auteurs se sont attachés à redonner de l’épaisseur au sens du mot : esprit. À peu près au même moment, un phénomène similaire a pu s’observer en Hongrie. Et il semble, à la lecture, par exemple, des comptes rendus que la revue Nyugat (Occident) donne des livres de Bergson, que les écrivains français aient exercé un certain attrait sur leurs homologues hongrois.

Il serait bien sûr injuste et faux de réduire ce renouveau spirituel à un mouvement franco-hongrois. Comme le rappellent les articles de Marie Vrinat-Nikolov, de Florence Godeau et de Xavier Galmiche, sur les littératures bulgare, autrichienne et tchèque respectivement, le renouveau spirituel était dans l’air du temps un peu partout en Europe centrale et orientale au début du XXe siècle.

On aurait tort également d’identifier spiritualisme et catholicisme. Qu’il s’agisse de la philosophie de l’esprit de Paul Valéry, dont parle l’article de Manuela Delia Suciu, de la dramaturgie de Béla Balázs (Edit Erdődy), de la théorie des langues (Sándor Kiss), du rêve selon Proust (Yvonne Goga) ou de deux esprits libres comme Ady et Gide (Eve-Marie Kallen), nombreux sont les signes précurseurs, les courbes parallèles ou asymptotes, et les prolongements fantasques, de ce renouveau spirituel qui a culminé en France et ailleurs en Europe entre 1900 et 1914.

 

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