Yvonne GOGA

Yvonne GOGA, Le rêve dans la perspective proustienne > 61

 

Produit de la connaissance scientifique qui dominait la pensée du XIXe siècle, le roman se proposait comme but de contribuer à la connaissance du monde en éliminant la subjectivité. Tels la neutralité de Balzac, l’impartialité de Flaubert ou le roman expérimental de Zola. La crise dans laquelle est entrée la connaissance scientifique au début du XXe siècle causée par son détachement de tout ce qui était vivant fait place à la connaissance artistique qui imprime au roman le nouveau but de contribuer à la connaissance de la vie. Comme conséquence il y a, dans l’écriture romanesque, une réaction contre l’artificiel et un retour à la subjectivité. Dans le contexte spirituel de l’époque, la création artistique a en vue le développement de l’instinct de l’artiste.

D’une façon consciente ou inconsciente, avouée ou tue, les grands novateurs du roman du début du XXe siècle illustrent ce que Bergson signale, dans Matière et mémoire, comme idée directrice de sa pensée : le degré d’attention à la vie qui déploie la pure énergie créatrice.

Proust ne reconnaît jamais avoir subi l’influence de Bergson. Dans la correspondance de ses dernières années de vie, il affirme même qu’il n’est pas exact de rattacher son oeuvre à celle du philosophe. Il serait d’ailleurs difficile de chercher toutes les influences subies par Proust dans la création de son oeuvre car il connaissait parfaitement les ouvrages fondamentaux sur les problèmes de l’esprit, de l’âme et du corps. Dans le problème du rêve, il semble avoir lu la plupart des écrits connus à l’époque, mais il en a tiré profit pour fonder son esthétique et pour inscrire les connaissances acquises dans la bonne tradition littéraire des écrivains oniriques.

 

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