Andrea NAGY, Absence de référents ou référents sous-entendus ? Le jeu subtil des typres de référence des pronoms personne et rien > 31
Mesdames et messieurs..., je vous signale tout de suite que je vais parler
pour ne rien dire.
Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n’avez rien à dire, eh
bien, on en parle, on en discute !
Je ne suis pas ennemi du colloque.
Mais, me direz-vous, si on parle pour ne rien dire, de quoi allons-nous
parler ?
Eh bien, de rien ! De rien !
(Raymond Devos, Sans dessus dessous, Editions Stock, 1976)
I. La référence pronominale a été considérée pendant longtemps comme un
phénomène qui ne présente pas beaucoup de difficultés. En ce qui concerne la
localisation du référent, on distingue généralement deux cas suivant que
l’antécédent est localisé dans le cotexte même, à travers d’autres segments du
texte, ou qu’il n’est accessible que dans la situation de communication. Dans le
premier cas, on parle de référence anaphorique, dans le deuxième, de référence
situationnelle ou déictique. La grammaire de Riegel et alii (1994) complète ce
tableau par un troisième mode de référence, appelé par défaut, lorsque « en
général, c’est l’interprétation générique qui s’impose, réduisant la valeur
référentielle du pronom à ses seuls traits définitoires stables, sans autre
limitation situationnelle ni textuelle. Ce type d’emploi se rencontre
fréquemment dans la catégorie des pronoms indéfinis et des pronoms négatifs :
Nul/Personne n’est parfait – Rien ne se perd, rien ne se crée » (Riegel et alii,
1994 : 195). À notre sens, il n’est pas utile de confondre la référence générique
et la référence par défaut, ces deux types de référence particulièrement
fréquents dans le cas des pronoms indéfinis négatifs, dont personne et rien.
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