Tímea GYIMESI

Tímea GYIMESI, Pour une po(ï)étique du « Noli me tangere » > 177

 

Une distance tout autant ironique que perturbante s’instaure entre l’auteur et son oeuvre. Toute lecture cherche à dissimuler cet écart. Mais l’oeuvre reste suspendue dans l’espace du

« noli me tangere », telle une reformulation de l’idée de l’impossible. « L’impossibilité, dit Hollier, est l’attribut essentiel, la condition de possibilité de la littérature ». Vouloir s’en approcher, c’est impossible, car l’interprétation ne diminue point l’écart, au contraire, elle rend saillant l’éloignement, l’abîme séparant Moi de l’Autre. « Noli me tangere » : on demeure dans la dimension de l’impossible, de la distance, ou encore dans celle du débordement, de la débauche – de l’interprétation ...

« Jésus lui dit : „Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ?” Mais elle, croyant qu’elle avait affaire au gardien du jardin lui dit : „Seigneur, si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis et j’irai le prendre.” Jésus lui dit : „Marie.” Elle se retourna et lui dit en hébreu : „Rabbouni” ; ce qui signifie maître. Jésus lui dit : „Ne me touche pas ! car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu.”»

Il existe des écrivains qui ont du mal à s’exprimer. Il en existe encore plus qui ont du mal à parler de la création littéraire. Eux, ils se mettent du côté de l’indicible, de l’informulable de la littérature. Du côté du silence. Pour eux, ce sont les mots récupérés non sans – peine ou plutôt cette acquisition, ce travail difficultueux portant sur les mots – qui parlent. Lorsqu’il s’agit de création littéraire, Michel Tournier a du mal à se taire. Son activité met indubitablement en valeur une attitude omnisciente.

 

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