Izabella ZATORSKA

Izabella ZATORSKA, Entre le malgache et l’occidental : Za. roman de Jean-Luc Raharimanana > 175

Les lecteurs de Diderot se souviennent du Neveu de Rameau qui confrontait Moi et
Lui, censés représenter les deux penchants de l’esprit : le bon et le mauvais. Dans
l’avant-dernier roman de Jean Luc Raharimanana (né en 1967), Za. roman (2008), ce
partage est encore plus intime et sensible, grâce à l’outil multifonctionnel et
polysémique de la langue. Déjà dans son aspect grammatical et phonétique : za ou
izahoo, forme soutenue du malgache, veut dire moi ; mais c’est aussi un je zézéyant d’un
intellectuel malgache victime de tortures (l’histoire du narrateur rappelle le martyre vécu
par le père de l’écrivain1) ; sinon un je écorché vif du petit peuple, qui s’exprime en un
français créolisé ; enfin, c’est un il pour un francophone étranger, hésitant entre l’aspect
sonore et le visuel : « Eskuza-moi. Za m’eskuze. » (l’incipit) mais « Za vous prend la
parole. » (p. 9–10)

 

 

Pour lire la suite, veuillez consulter le document pdf ci-dessous.