José Luis ARRÁEZ LLOBREGAT

La représentation esthétique de la mémoire de la Shoah arpente différents chemins depuis que les poignants événements concernant la destruction des Juifs d’Europe assombrirent l’image de l’homme moderne issu du grand Siècle des Lumières. Ces chemins, qui traversent l’Histoire pour présenter ou représenter des histoires ayant comme référent explicite la Shoah, s’entrecroisent dangereusement. L’ironie constitue sans aucun doute un de ces périlleux chemins où certains auteurs, en annonçant leurs paroles testimoniales, introduisent des formulations ironiques dans la narration de leurs histoires intimes. Évoquons à ce propos Le monde de pierre (Kamienny świat, 1948) de Tadeusz Borowski, Le sang du ciel (Krew nieba, 1961) de Piotr Rawicz, Un voyage (Eine Reise, 2002) de H.G. Adler, Être sans destin (Sorstalanság, 1975) d’Imre Kertész ou Le courage de ma mère (Mutters Courage, 1995) de George Tabori. Dans les ouvrages cités, certains extraits ou trames expriment un acquiescement ironique absolu. C’est le cas particulier du journal d’Ana Novac, Les beaux jours de ma jeunesse, où les discours ironiques et sérieux s’alternent magistralement dans la remémoration de sa déportation aux camps de Płaszów et d’Auschwitz. Née en 1929, cette adolescente juive d’origine roumaine et hongroise installée en France depuis 1968, tiendra à l’âge de 14 ans un journal qu’elle a rédigé durant le transport des déportés puis dans les camps d’Auschwitz et de Płaszów.

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