Manuela-Delia SUCIU

Manuela-Delia SUCIU, Le serpent, image de l’esprit pur chez Valéry> 149

 

Dans l’histoire de la poésie française, surtout dans celle de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, on constate une suite de nostalgies et de ruptures, de découvertes et d’innovations qui concourent toutes à faire de la poésie un instrument supérieur de la connaissance.

Généré et orienté dans plusieurs directions par l’intuitionnisme bergsonien et par la psychanalyse, le renouveau spirituel du début du XXe siècle se manifeste soit par la glorification de la pensée, de l’Intellect, soit par le retour aux sources chrétiennes et mythologiques. Dans la première direction s’inscrit Paul Valéry (pour qui la poésie devient un exercice de pureté dans la double connaissance du langage et de soi-même) et dans la deuxième, Charles Péguy et Paul Claudel.

Paul Valéry tente également d’effacer l’opposition que la tradition a opérée entre l’idée de Poésie et celle de Pensée : la plupart croient, [...], que les analystes et le travail de l’intellect, les efforts de volonté et de précision où il engage l’esprit, ne s’accordent pas avec cette naïveté de source, cette surabondance d’expressions, cette grâce et cette fantaisie qui distinguent la poésie, et qui la font reconnaître dès ses premiers mots.

Sous l’influence du positivisme, des mathématiques, des sciences exactes et du symbolisme, Paul Valéry illustre la double qualité de l’artiste du XXe siècle : poète et analyste du mécanisme intellectuel, il a voulu réaliser l’union de la poésie et de la science, considérées comme deux moyens parallèles de connaissance. Le poète est convaincu que la poésie se crée par l’image, mais surtout par le rythme, débarrassés de toute influence romantique, et que la composition d’un poème n’implique pas d’organisation préalable, mais qu’elle s’impose peu à peu au poète et remplit son cadre rythmique. Le goût de la précision, de la subtilité, l’attachement au thème de la connaissance de soi, ainsi que le culte du style sobre et souple mais élégant, constituent autant de témoignages en faveur du classicisme de Valéry qui n’est pas un retour à l’art classique au sens propre du mot, mais l’expression du besoin de rigueur, d’ordre et de structure dans la création.

 

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