Xavier GALMICHE

Xavier GALMICHE, Les catholiques face à la modernité en pays Tchèques : le modèle de la Chartreuse dans l’activité éditoriale de Josef Florian, éditeur de Moravie (1873-1941)> 169

 

Dans un ouvrage maintenant classique, La Crise des valeurs symbolistes, Michel Decaudin passe en revue différentes expériences tentées par les écrivains français du début du siècle. Aux pages qu’il consacre à l’originale entreprise de l’Abbaye (ce groupe fraternel, fondé en 1906 à Créteil, de personnes censées vivre de leur travail d’imprimeur, qui réunira pendant quatorze mois les écrivains Arcos, Vildrac, Gleizes, notamment), il met en avant « l’actualité de l’idée phalanstérienne dans les premières années de ce siècle », rappelant que Vildrac « rêvait une Abbaye

Où vivre quelques-uns et quelques-unes

Où vivre libres, en thélémites passionnés,

il commente : « on peut dire que c’est une aspiration commune à quelques-uns des contemporains [des écrivains de l’Abbaye] qui prend forme. Le mérite de [ces] compagnons n’est pas d’avoir, comme d’autres, conçu une société idéale, mais de l’avoir réalisée ». Au début du XXe siècle, sans doute à cause de l’influence croissante prise par la pensée sociale sur la littérature2, les manifestations se multiplient en effet de ce que nous pouvons appeler une « tentation phalanstérienne », c’est-à-dire de l’organisation de la vie littéraire et éditoriale sur un modèle utopique – et pas forcément celui du fouriérisme – , la création d’un espace qui soit à la fois en retrait, loin des scories d’une société corrompue, et aussi un espace idéal, capable de favoriser la conception et la création d’oeuvres authentiquement nouvelles et de régénérer les rapports des créateurs avec la société.

 

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