Gabriella TEGYEY, « L’amour bien nourri, et l’amour mal nourri ». Chéri et La Fin de Chéri de Colette > 205
Dans l’univers amoureux de Colette, les mets occupent une place privilégiée : tous les personnages partagent la sensualité de la romancière, « sensualité qui eut toujours […] les yeux plus grands que le ventre » (Colette, 1989 : 590). Dans l’imaginaire colettien, les « sens affamés » entrent en contrepoint avec « le ventre trop plein », et la « consommation » avec « l’abstention ». Dans cette étude, nous souhaitons examiner cette dualité de l’univers amoureux, afin de montrer dans quelle mesure la relation amoureuse est marquée par le rapport à la nourriture. Ce dernier cristallisant les réseaux d’ambivalence caractéristiques de la poétique colettienne, nous nous proposerons dans un premier temps d’étudier le fonctionnement du langage gastronomique dans deux de ses oeuvres – Chéri et La Fin de Chéri –, récits permettant d’illustrer simultanément la gourmandise envahissante de l’héroïne ainsi que les dangers qui en découlent.
Au terme de cette première analyse, nous aurons ensuite soin de mettre à l’épreuve les traductions hongroises de ces deux romans, de manière à nous assurer qu’elles recréent fidèlement le rayonnement tout particulier de l’univers colettien.
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