Ildikó LŐRINSZKY – Dávid SZABÓ

AVANT-PROPOS > 7

Tout ce qui nous entoure est filtré par le langage. Notre vision du monde est déterminée par la/les langue(s) que nous parlons. Cette relation entre monde extralinguistique et langage humain revêt un caractère autrement particulier quand il s’agit de catégories profondément enracinées dans nos civilisations – celles-ci correspondent en général à ce que les traductologues ont l’habitude d’appeler realia, voire « intraduisibles ».

Parmi ces intraduisibles, les mots des mets, ceux de la gastronomie, occupent une place de choix. Nous sommes ce que nous mangeons : c’est sans doute une banalité, mais c’est vrai à plusieurs niveaux : physiologique, psychologique voire spirituel. Se nourrir est une nécessité, mais aussi un plaisir dont le raffinement peut aller jusqu’à l’art.

Les mots de la cuisine sont souvent si étroitement liés à la culture que leur traduction s’avère presque impossible (même si ce mot ne devrait pas figurer dans le lexique des traducteurs…) Ajoutons, non sans exagération, que rien n’est traduisible, mais tout peut être traduit.

Bien qu’une soupe de poissons, la halászlé hongroise ne doit pas être traduite par bouillabaisse, mais éventuellement par soupe de poissons à la hongroise, à l’instar du sólet, plat composé de haricots secs et de viande, qui ne peut pas être rendu par cassoulet, les deux correspondant à des recettes et surtout des réalités culturelles bien différentes. Le premier est un plat juif d’Europe centrale, mangé traditionnellement le samedi, le second une spécialité régionale du Languedoc, sans doute d’origine familiale paysanne.


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