Louis-Marie KAKDEU

Louis-Marie KAKDEU, Emplois du vocabulaire gastronomique dans la littérature politique africaine : emprunt, traduction et métaphore > 39

Introduction

Le rythme de l’emploi du vocabulaire gastronomique en politique s’est accéléré depuis le début des années 1990 en Afrique subsaharienne. Au moment où l’on célébrait l’arrivée des premières vagues de démocratisation, les pays africains, qui sont des économies agricoles, étaient frappés par une crise économique mondiale de surproduction qui a enfoncé davantage les populations locales dans la précarité. La démocratisation s’était opérée donc dans un contexte où l’on disait : « Le ventre affamé n’a point d’oreille ». Les gens avaient sérieusement commencé à se demander si l’on « mangeait l’éthique » (Frère, 2000). En faveur de la libéralisation de la corruption pour conquérir ou se maintenir au pouvoir, on a observé que les pratiques de la « manducation » (Bayart, 1989 ; Mouiché, 1996) se sont répandues dans tous les secteurs d’activité. Ainsi, Bayart (1989) parle de « politique du ventre » pour désigner l’omniprésence des réflexes alimentaires dans la politique africaine. En même temps, la révolution démocratique réclamée s’avère être une « révolution du verbe » (Banégas, 1993 : 6) dont le plus dominant est « manger » ou « bouffer » (Banégas, 1998 : 84 ; Blundo et Olivier de Sardan, 2001).

 

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