Pauline MORET-JANKUS

Pauline MORET-JANKUS, Traduire les sens et le symbole : la petite madeleine de Proust > 197

Dans la préface de l’ouvrage Marcel Proust. La Cuisine retrouvée, Alain Senderens résume ainsi la tradition littéraire française : « Beaucoup d’auteurs se réfèrent à la vue, à l’ouïe sens supérieur, à l’intuition ou à l’entendement ; peu osent s’aventurer vers le tactile, l’odorat, le goût. » (Borrel et al., 1991 : 9). Il souligne que les quelques auteurs classiques qui se sont aventurés sur ce chemin l’ont fait principalement sur le mode comique, comme Rabelais. Marcel Proust, cependant, s’inscrit dans une dynamique tout à fait différente : il est de ceux qui ont mis en avant les sens, y compris le goût. La sensualité de l’écriture proustienne est sans aucun doute une des caractéristiques les plus frappantes de la Recherche : le lecteur se sent continuellement sollicité. L’inclusion textuelle de la nourriture est un des moyens les plus marquants pour construire un monde de sens, et Proust ne se prive pas de faire référence à des plats qui éveillent la curiosité du lecteur. Pudding à la Nesselrode, Saint-Honoré, boeuf mode en gelée, salade d’ananas et de truffes, oeufs cocotte à la crème, homards à l’américaine, bouchées à la reine… Dès lors, on ne s’étonnera pas que des livres ont été entièrement consacrés au monde gastronomique proustien, avec force recettes de cuisine à l’appui (Borrel et al., 1991 ; King, 1979).

 

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